Le Parc National de Kahuzi-Biega, PNKB en sigle, est un hotspot biologique, avec plus de 55 produits forestiers non ligneux (PFNLs) utilisés comme aliments et médicaments par les populations environnantes, avec une prédominance de fruits sauvages et légumes, selon une étude réalisée par une équipe de chercheurs de l’Université évangélique en Afrique (UEA) et publiée dans le journal Science Direct.
Les PFNLs exploités dans les trois zones riveraines du PNKB à savoir les territoires de Kabare, Walungu et Kalehe, étaient regroupés en des insectes, des végétaux et animaux ainsi que des champignons, explique Jean MONDO MUBALAMA, l’auteur principal et chercheur à la faculté des Sciences agronomiques et de l’environnement.
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Selon lui, les PFNLs ont créé des opportunités d’emploi pour les collecteurs, les vendeurs, les supermarchés, les hôtels, et des restaurants dans les zones rurales et urbaines. Ils représentent la deuxième source de revenus la plus importante autour du PNKB, représentant 23,3% du revenu total des ménages après l’agriculture qui génère 25,7%.
Les ménages impliqués dans la collecte des PFNLs avaient un revenu quotidien de 50% supérieur à celui des moyennes de la population générale (2,1 $ contre 1,6 $). Cette augmentation de revenus pourrait être attribué au fait que les collecteurs de PFNL étaient également des agriculteurs. Ce qui signifie que l’exploitation des PFNL était pour eux un moyen de diversifier leurs sources de revenus.
Cette étude a fourni la preuve que les PFNLs pouvaient améliorer les moyens de subsistance des populations et communautés locales à travers la commercialisation déclare l’auteur principal.
Pour lui, les PFNLs pourraient donc jouer un rôle important en fournissant une alimentation saine et nutritive dans la création de richesse pour les ménages autours du PNKB.
Pour libérer tout le potentiel des PFNLs en tant que sources alimentaires, médecine et richesse autour du PNKB, l’auteur recommande ce qui suit :
- Fournir des programmes de formation et de renforcement des capacités aux communautés locales sur les technologies durables de récolte, de transformation et commercialisation ; des techniques. Cela permet aux communautés de prendre des décisions et maximiser la valeur des PFNLs tout en préservant la forêt ;
- Stimuler la participation des communautés locales à la prise de décision liée à la gestion et l’utilisation des PFNLs. Encourager la participation communautaire au pratiques de gestion forestière durable et le développement d’entreprises basées sur les PFNLs ;
- Promouvoir la valeur ajoutée et la diversification des produits des PFNLs pour améliorer leur compétitivité sur le marché et leur viabilité économique. Ceci peut inclure la transformation des PFNLs en produits de plus grande valeur tels que des extraits des huiles essentielles, suppléments à base de plantes et artisanat ;
- Plaider en faveur de politiques de soutien et de cadres juridiques qui reconnaissent l’importance des PFNLs dans la gestion durable des forêts et fournir des incitations pour leur conservation et leur utilisation durable ;
- Mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation pour suivre l’impact des initiatives de promotion des PFNLs sur la conservation des forêts et les moyens de subsistance et le développement socio-économique ;
- Investir dans la recherche et le développement pour comprendre les aspects nutritionnels, potentiel médicinal et économique de divers PFNLs. Ceci comprend étudier leur domestication ; leur valeur marchande, leur demande et leurs utilisations potentielles dans différentes industries.
Joël MUBAKE
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Très bonnes recommandations. Mais c’est aussi important d’envisager une intégration du peuple autochtone (pygmée) dans ces différentes chaînes de valeurs des PFNL de part leurs connaissances des valeurs nutritives et médicinales.
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