Si la conservation militarisée ne parvient pas à protéger la biodiversité africaine, elle réussit un autre exploit : permettre aux anciennes puissances coloniales de conserver l’accès et le contrôle des ressources naturelles du continent dans la période postcoloniale.
C’est le résultat d’une étude réalisée par Emily Jones et publié en novembre 2021 dans l’international relations review
Les déplacements forcés résultant de la création d’aires protégées sont des actes fondés sur les prémisses coloniales racistes selon lesquelles le continent africain a besoin de l’intervention de l’Occident et que ses habitants autochtones ne sont pas équipés pour prendre soin de leur terre ou la gouverner.
En se fondant sur les affirmations coloniales d’une juridiction morale auto-attribuée sur la gestion de la faune africaine, les puissances occidentales ont créé des zones protégées, un processus qui repose sur les déplacements forcés des habitants autochtones.
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Après l’indépendance, les anciennes puissances coloniales ont utilisé l’existence de ces zones protégées pour sécuriser les questions du braconnage et de la conservation de la faune sauvage en présentant le braconnage comme une menace pour la faune sauvage ainsi que pour l’État-nation souverain lui-même.
Ainsi, le recours à la force de l’État contre les braconniers présumés, et souvent contre toute personne qui pénètre dans les limites d’une zone protégée, a été présenté comme une considération essentielle au public occidental qui a versé des fonds directement pour la militarisation continue des gardes forestiers.
Des zones comme le parc national des Virunga, qui abritent une incroyable biodiversité, restent en proie à des conflits liés à la conservation. L’activité militaire dans les zones protégées est non seulement préjudiciable aux communautés, mais elle a également des effets néfastes sur l’environnement qu’elle prétend protéger.
Pour comprendre pourquoi la violence liée à la conservation persiste, la dynamique du pouvoir du colonialisme, passé et présent, doit être examinée dans les conceptualisations de la politique de la faune africaine, conclut l’auteur.
Joël MUBAKE