Selon une étude sur les « Politiques de Gestion des Aires Protégées à l’Est de la RDC » réalisées par BIKABA (2013), plusieurs facteurs et mauvaises approches ont conduit à la création et à la gestion des aires protégées. Entre autre, les communautés locales et autochtones pygmées expulsées de leurs territoires forestiers sans structure d’accueil ni d’indemnisation, et n’ont pas été intégrées au système de gestion et de gouvernance de ces sites.
Pour le cas de Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), Pacifique Mukumba ISUMBISHO, auteur de l‘article intitulé « Problématique d’accès aux terres et aux ressources naturelles pour les autochtones Batwa dans les périphéries du Parc National de Kahuzi Biega (PNKB) à l’Est de la République Démocratique du Congo » publié en 2021, renseigne que Des études sur les possibilités d’aménager les espaces tampons à la conservation et les espaces des terres pour les riverains Batwa au PNKB ont été réalisées, mais aucune de ses études n’a été mise en œuvre.
Parmi ses études, l’auteur cite la recherche sur le reboisement intense pour réduire la pression des riverains en bois de chauffe dans la partie haute altitude du PNKB pour répondre à une carence des bois dans la périphérie du Parc accordant des champs de location à 473 paysans riverains avaient été identifiées (MUHIGWA et al., 2007) et l’identification de Sept concessions adjacentes au Parc avec une superficie totale de 920 hectares en friche et sous-exploitées, soit 53,7% et susceptibles d’être transformés en une zone tampon après négociation avec leurs propriétaires pour achat (MASHEKA et al., 2018).
Au terme de ses recherches, l’auteur découvre qu’au PNKB les riverains autochtones Batwa occupent 102 espaces des terres, dont la plupart étaient octroyé par les chefs coutumiers qui les avaient accueillis.
L’indice d’occupation spatiale dans sa dimension supérieure est évalué à 0,6941 hectare /personne, donc de loin inférieur à 5,2 hectares /personne à octroyer, tel que prévu par la loi congolaise en cas d’un éventuel accompagnement.
Dans leurs zones d’influence, les autochtones Batwa fréquentent 112 espaces de terres où ils prélèvent les ressources naturelles pour leur survie, y compris l’espace de conservation (parc). Le régime foncier des espaces identifiés, montre que la plupart appartiennent aux concessionnaires privés (personnes physiques, sociétés, confessions religieuses). Seules trois concessions appartiennent à l’État congolais.
Même les autorités coutumières ne disposent plus de terres/forêts. Toutes les terres/forêts appartiennent désormais aux concessionnaires privés. C’est auprès de ces derniers, que même certaines autorités coutumières négocient et/ou achètent des terres.
Pour remédier à ce problème, l’auteur conclut en proposant à l’Etat congolais, au regard de la rareté des terres vacantes dans les périphéries du PNKB, d’exproprier certaines concessions privées conformément à l’article 34 de la Constitution de R.D. Congo du 18 février 2006, pour l’intérêt de cette communauté autochtone de Batwa.
Joël MUBAKE