Pour libérer tout le potentiel de l’igname (Dioscorea ssp) en matière de réduction de la pauvreté et de souveraineté alimentaire au Sud-Kivu, il faut que des variétés améliorées adaptées aux environnements des agriculteurs soient développées par la sélection et complétées par des programmes agronomiques et des soutiens institutionnels à tous les niveaux, selon une étude publiée dans le journals Frontiers.
Jean Mondo Mubalama, auteur principal, et chercheur au département d’Agronomie de l’université évangélique en Afrique (UEA) explique, l’igname est une culture de tubercule clé en Afrique subsaharienne avec un énorme potentiel de réduction de la pauvreté, de souveraineté alimentaire et de sécurité nutritionnelle. Pour explorer tout son potentiel, il faut que les facteurs qui le freinent soient compris et atténues.
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En évaluant les pratiques agricoles de l’igname, les préférences variétales et l’adéquation des terres dans quatre zones agro-écologiques à l’Est de la RDC, l’auteur et son équipe découvre que tous les types de climat du Sud-Kivu sont propices à l’igname et la plupart des terres sont favorable à la production extensive d’ignames.
Selon la carte d’adéquation de l’igname au Sud-Kivu issue de cette étude, Walungu, Kabare et Shabunda ont les proportions les plus élevées de terres à très haute aptitude à la production d’igname. Uvira possède la plus grande proportion de terres marginales tandis que Shabunda en possède la moins, déclare l’auteur.
Selon les résultats de cette étude, l’igname est principalement cultivée par les femmes ayant un faible niveau d’étude avec 10 ans ou plus d’expérience (58,2%) en matière de culture d’igname et le système de livraison de semences est informel, et repose principalement sur les semences conservées par les agriculteurs et sur les échanges de semences entre agriculteurs.
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A en croire toujours cet auteur, l’épuisement des sols, l’accès limité à des semences de haute qualité, le désengagement des jeunes dans la chaine de valeur de l’igname, les insectes nuisibles et la courte durée de conservation des tubercules sont respectivement, les principaux facteurs qui freinent la production d’igname dans l’Est de la RDC.
Cependant, une multitude de caractères variétaux ont été utilisés pour évaluer les variétés d’ignames dans l’Est de la RDC, parmi lesquelles le goût du tubercule était le caractère le plus apprécié, précise l’auteur.
Cette étude suggère que la sélection d’igname soit l’épine dorsale d’une approche holistique cherchant à relever les défis rencontrés pour libérer le potentiel de production d’igname dans l’Est de la RDC, conclut l’auteur.
Joël MUBAKE
4 commentaires
A great job 👏
A mon avis, une autre raison qui freine la production de l’igname au Sud-kivu est la faible demande par les ménagères.
On constate qu’au niveau des ménages, l’igname peut se faire remplacer facilement par la patate douce, la banane plantain, la pomme de terre, le manioc, …
Cependant, nous encourageons vivement les producteurs des ignames à multiplier les efforts dans le sens disponibiliser sur le marché toutes les variétés d’ignames et aussi penser à organiser l’exportation.
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