La reconnaissance des limites de la conservation coercitive a inspiré la recherche de différentes approches. La conservation communautaire, également connue sous le nom de gestion communautaire des ressources naturelles (GCRN), a été présentée comme une alternative (Agrawal & Gibson, 1999).
A l’initiative de présenter une étude approfondie d’une initiative de conservation communautaire mise en œuvre à une frontière violente qui abrite de nombreux groupes armés et des centaines de milliers de personnes, où les activités minières et de conservation se croisent, Fergus O’Leary Simpson, a réalisé un article intitulé « Conservation, extraction et contrats sociaux à une frontière violente : preuves de la réserve naturelle d’Itombwe, dans l’est de la RDC » publié au Journal Political Geography, en janvier 2022.
Au lieu d’imposer la conservation, la conservation communautaire encourage les gens à devenir copropriétaires des ressources et des valeurs générées par la désignation d’aires protégées. Ceci est réalisé grâce à la délégation de la responsabilité réglementaire de l’État vers les populations locales (Agrawal, 2005)
Dans le cadre de constituer un contrat social de la conservation communautaire de la Réserve Naturelle d’Itomwe à en croire l’auteur, WWF et l’ICCN ont demandé aux communautés concernées de fournir des listes de ce qu’elles aimeraient recevoir en échange de leur participation à la réserve.
Les communautés ont fait diverses demandes pour des centres de santé, des écoles, des infrastructures routières, des motos, des projets d’élevage d’animaux, des antennes pour fournir une couverture téléphonique, des toits en fer, des maisons en briques, des machines pour fabriquer des briques, des opportunités d’emploi, des équipements de football et même des musées pour stocker leurs œuvres culturels.
Les gens se référaient à ces listes comme leur « Cahier de charge » avec l’État congolais représenté par l’ICCN aux côtés de ses partenaires ONG.
Mais le contrat de conservation communautaire représente plus qu’un processus étroit d’échange économique pour les communautés. Par exemple, un agriculteur du village de Kitumba dans la chefferie de Wamuzimu s’attendait clairement à recevoir des avantages matériels de la réserve.
Cependant, les résultats de l’auteur suggèrent que le fait de ne pas répondre aux attentes des gens quant à ce que la conservation communautaire devrait apporter est susceptible d’avoir des conséquences imprévues.
En titre d’exemple, en 2018, le chef de groupement Kigogo, dans la chefferie de Lwindi, a décidé de mettre fin à la participation du groupement à la réserve. La grande majorité des personnes interrogées par l’auteur sur le terrain ont appuyé sa décision. Par exemple, les participants aux groupes de discussion ont décrit comment ils étaient prêts à « porter des armes pour bloquer la route vers l’ennemi, l’ICCN qui a remplacé les rebelles des FDLR ».
La littérature critique de la Gestion Communautaire des Ressources Naturelles (GCRN) met en évidence la fréquence à laquelle les projets de conservation communautaire font trop de promesses mais ne sont pas assez performants (Agrawal & Gibson, 1999 ; Dressler et al., 2010).
Au terme de son travail, l’auteur souligne trois contributions clé à savoir :
- En utilisant la notion de contrats sociaux de conservation de Titeca et al. (2020), l’auteur démontre comment une initiative de conservation communautaire a été présentée et perçue comme une telle opportunité dans une zone frontalière violente.
En d’autres termes, en acceptant certaines obligations et restrictions sur leur vie, les participants au projet de conservation communautaire anticipaient certains bénéfices. Il s’agit notamment de l’emploi et du développement économique ainsi que de l’amélioration de la gouvernance et de la sécurité. Cependant, les résultats de l’auteur suggèrent que le fait de ne pas répondre aux attentes des gens quant à ce que la conservation communautaire devrait apporter est susceptible d’avoir des conséquences imprévues.
- Les contrats de conservation communautaire, comme les produits de la plupart des arrangements sociaux, sont constructifs à la fois pour les gagnants et pour les perdants : c’est-à-dire que tout le monde n’est pas satisfait des contrats tout le temps (Blaikie, 2006 ).
Comme le montre le cas de la Réserve Naturelle d’Itombwe, certains aspects des contrats peuvent être implicites et il peut y avoir différentes perspectives concernant ce qui a été convenu.
Cela peut à son tour alimenter l’insatisfaction. Dans les cas extrêmes, la déception qui entoure les contrats non remplis ou rompus atteint un point critique où les gens choisissent de mettre fin à leur participation aux contrats existants et recherchent des partenaires contractuels ailleurs.
La coïncidence des frontières de l’extraction et de la conservation permet de nouer de nouveaux contrats, comme avec les sociétés minières industrielles.
- L’auteur propose qu’en raison des rentes considérables générées par les industries extractives, il est possible que les mines soient plus capables de respecter les dimensions économiques des contrats que les initiatives de conservation, du moins à court terme.
Cela pourrait avoir pour effet d’augmenter la probabilité que les communautés optent pour l’extraction plutôt que pour les contrats de conservation aux frontières des matières premières ou de multiples acteurs se disputent l’attention des gens.
L’expérience des contrats non exécutés sont susceptible de renforcer le scepticisme à l’égard des futures initiatives potentielles de conservation.
Joël MUBAKE
3 commentaires
La conservation de la biodiversite est mise à défis de la plus bonne manière par la main noire des exploitants miniers qui prêtendent offrir un radieux avenir aux communautés pourtant, la lucidité révèle que dans plusieurs contrées où des cahiers de charges ont été élaborées entre Exploitants miniers et la communauté moins de 20% indiqueraint une avancée dans la mise en oeuvre de ces accords. La renonciation du consentement autre fois donné à une raison cachée. Attendons voir.
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