L’introduction de la petite sardine Limnothrissa miodon (sambaza) au lac Kivu vers la fin des années 50 a considérablement augmenté la production piscicole de ce lac (Kaningini, 1999). La connaissance de tous les facteurs pouvant affecter les populations piscicoles demeure impérieuse pour une gestion durable de cet écosystème.
Dans cet optique, Draulans et al (1981) ont effectué quelques observations sur les espèces piscivores et ont estimé que le grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), était l’une des trois espèces prédatrices de quel qu’importance pour les poissons.
Etant donné que cette espèce peut consommer en moyenne 40 à 60 poissons par jour, ce qui entraine un besoin d’une ration journalière d’à peu près 400 gr de poisson (Keller,1995 ;Van Dobben 1995 ; Zijlstra & Van Eerden, 1995) ; Altor Musema Bahizire, chercheur de son état, avait levé l’option de réaliser, en 2010, une étude intitulée « Étude du régime et de la sélectivité alimentaire du grand cormoran (Phalacrocorax carbo) sur le lac Kivu (R.D. Congo) » pour déterminer le régime alimentaire de cette espèce, sur le lac Kivu, en utilisant la méthode d’analyse de pelotes de réjection, dans l’objectif de mettre en évidence la sélectivité alimentaire de cet oiseau.
Après analyse des pelotes de réjection, contenant les restes des poissons consommés par cette espèce d’oiseau sur la côte du lac kivu au quartier Muhumba dans la ville de Bukavu, l’auteur découvre que le Grand Cormoran consomme pratiquement tous les groupes de poissons présents au lac Kivu : en abondances relatives, le régime de ce dernier comprend 90,11 % d’Haplochromis spp (Ndugu), 2,84 % de Limnothrissa miodon (Sambaza), 6,59 % de Tilapia spp, 0,34 % de Barbus spp et 0,11 % de Clarias spp. Seul le genre Raiamas n’est pas représenté dans ce régime.
En termes de biomasses relatives, Tilapia spp apporte la plus grande part (65,32 %) alors que les Haplochromis spp contribuent relativement peu (31,81 %). La part de Limnothrissa miodon, Clarias spp, et Barbus spp. est minime : respectivement 1,89 %, 0,75 % et 0,2 %. En occurrences, Haplochromis spp est la catégorie la plus consommée car elle se retrouve dans 90 % des pelotes.
Tilapia spp a été retrouvé dans 58 % des pelotes alors que Limnothrissa miodon, dont l’importance numérique est faible se trouve dans plus d’une pelote sur cinq (22 %). Barbus spp et Clarias spp, dont les occurrences sont respectivement de 6 % et 2 %, ne sont capturés que très irrégulièrement par l’oiseau.
Selon toujours cet auteur, L’indice de sélectivité de Chesson a révélé une nette sélection positive en faveur des Tilapia spp. Cette sélection s’effectue surtout sur les individus de grande taille.
Le Limnothrissa miodon est en revanche sous-représenté, conséquence probable des mœurs nocturnes des adultes de cette espèce et d’un biais dans les statistiques de pêche, conclut l’auteur.
Joël MUBAKE
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