En 1993, la Convention sur la diversité biologique considère les savoirs traditionnels comme un patrimoine commun de l‘humanité et propose un partage équitable des avantages qui découlent de la conservation et de l‘utilisation durable de la diversité biologique (Carneiro da Cunha, 2012).
En voulant comprendre comment les connaissances, innovations et pratiques traditionnelles en matière de biodiversité peuvent-elles être perpétuées dans un monde en métissage croissant, et dans quelle mesure peuvent-elles être utilisées et valorisées ; Léonard K. MUBALAMA, chercheur au Centre de Recherche en Gestion de la Biodiversité et Changement climatique (CRGBC) a publié en avril 2021 dans International Journal of Science and Management Studies (IJSMS) l’article intitulé « Connaissances et Pratiques traditionnelles versus Conservation de la biodiversité dans les aires protégées : Cas des populations riveraines du lac Lungwe, Est RD Congo ».
Selon cet auteur, les facteurs socioculturels tels que les traditions, les coutumes, les croyances et les tabous sont des éléments déterminants qui influencent les comportements des populations vis-à-vis de la sauvegarde de la biodiversité.
Liés aux valeurs et normes sociales, ces facteurs motivent les décisions, pratiques et actions des populations.
L’auteur recommande aux décideurs de valoriser les pratiques culturelles des communautés en matière de conservation de la biodiversité en préservant les traditions, les coutumes et les croyances des divers groupes culturels et en intégrant les acquis de la législation traditionnelle dans le cadre législatif et réglementaire étatique. Une piste forte captivante de production de ces acquis est la mise en œuvre de projets d‘éducation relative à l‘environnement dans les écoles, renchérie l’auteur.
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Pratiquement, il propose des classes balades en mettant l’accent sur différentes pratiques culturels (lieux sacrés, mares, législations coutumières) relatives à la conservation et la valorisation de la biodiversité tout en impliquant la communauté (implication du guérisseur traditionnel, du gestionnaire des forêts sacrées, des chefs coutumiers dans l‘apprentissage des élèves). Mais aussi, des allants pratiques dans les milieux sacrés permettront aux élèves de se familiariser avec les espèces d‘importance traditionnelle. Il recommande que des recherches ainsi effectuées par les élèves puissent être partagées avec la population à travers des conférences débats, des théâtres scolaires et des ateliers de vulgarisation.
Il conclut en proposant que les différents intérêts des connaissances et pratiques traditionnelles doivent conduire à les respecter, recenser, faire connaitre et utiliser en les valorisant aussi bien au profit des communautés locales qu‘au profit de la conservation de la biodiversité de la RNI. Ceci permettrait de sauvegarder en même temps le patrimoine culturel qu‘est le lac Lungwe.
Joël MUBAKE