L’exploitation minière artisanale à forte intensité est endémique dans la réserve naturelle d’Itombwe, le parc national de Maiko et la réserve de faune à okapis.
A cela s’ajoute au cours de ces dernières années, une forte augmentation de l’exploitation minière semi-industrielle renseigne une étude réalisée par Judith Verweijen de l’Université de Groningue, Fergus O’Leary Simpson de l’Université d’Anvers et Peer Schouten de l’Institut Danois des études internationales publiée par the conservation en janvier 2023.
Une biodiversité unique et une gamme d’espèces menacées telles que l’okapi, l’éléphant de forêt et le Gorille de montagne, … chevauchent des gisements de minéraux d’importance mondiale notamment l’or, du coltan et de la cassitérite.
A la recherche de ces gisements dans les aires de conservations, quelques impacts sont observés notamment : la déforestation, la dégradation des sols et la pollution de l’eau comme impacts directs, dû par la construction de nouvelles routes pour rendre les sites miniers accessibles.
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Dans l’objectif d’appréhender le lien entre l’exploitation minière, les conflits armées et la conservation dans l’Est de la RDC, les auteurs constantes que l’exploitation destructrice dans les aires de conservation, se produit souvent sous la protection d’acteurs armés étatiques et non étatiques, qui prélèvent une partie de revenus.
Selon ces auteurs, dans les réserves d’Okapi et d’Itombwe, l’exploitation minière suscite des conflits entre les différentes branches de l’Etats, les entrepreneurs et les populations locales, et entre les mineurs artisanaux et semi-industriels.
Etant donné qu’en RDC les salaires officiels des fonctionnaires sont bas ou restent impayés, les revenus miniers complètent également les maigres salaires de nombreux administrateurs, soldats et autres fonctionnaires de l’Etat, renseigne ces auteurs.
La plupart de ces travailleurs gagnent de l’argent à coté et tirent des revenus des citoyens par les biais de diverses formes d’impositions, de frais de protection et d’extorsion. Ils subissent également des pressions de la part de leur hiérarchie, qui attend une part des revenus, renchéries les auteurs.
A leur tour, la SAEMAPE (l’agence chargée de règlementer l’exploitation minière artisanale et à petite échelle) et le ministère provincial des mines taxent souvent les activités minières dans les zones protégées ; mais aussi les groupes armés profitent également en imposant des taxe sur les sites miniers et aux barrages routiers.
Le cadastre minier à son tour, l’agence chargée de délivrer et de gérer les titres miniers, délivre des concessions à l’intérieur des limites de la réserve de faune à okapis, tout en arguant qu’elles sont situées à l’extérieur, alors que le ministère de l’environnement avait contesté la nouvelle carte de la réserve de faune à okapis diffusée par le cadastre minier car, le périmètre était différent de la réalité selon le ministère précité.
A en croire toujours ces auteurs, au Sud-Kivu, la tentative de prise des mesures pour réglementer l’exploitation minière semi-industrielle par le Gouverneur de province autour de la réserve d’Itombwe était interrompus par les autorités nationales qui ont affirmé que le niveau provincial n’avait pas le pouvoir de le faire.
S’ajoute aux problèmes, les désaccords entre les sociétés minières et les populations locales autour des investissements sociaux, de l’emploi et des compensations pour la destruction des champs agricoles.
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Pour ces auteurs, pas des solutions faciles pour empêcher l’exploitation minière destructrice de se dérouler dans les aires protégées suite à l’implication de hautes fonctionnaires, l’importance des revenus miniers, la violation par l’armée des restrictions imposées par les autorités civiles, au manque de suivi d’une ligne commune par les autorités nationales et provinciales, manque de poids politique et ressource par l’agence congolais pour la conservation de la nature (ICCN), responsable de la gestion des aires protégées pour faire la différence.
Les auteurs renseignent que sur 13.000 km2 de la réserve de faune à okapis, l’ICCN ne dispose que de gardes dans 15% de cette zone. Dans certaines régions, le personnel de l’ICCN s’est avéré complice d’avoir autorisé l’exploitation illégale des ressources.
Pour améliorer cette situation, les auteurs recommandent :
- l’interdiction en urgence dans les aires protégées le dragage de l’or, car étant plus destructrice pour l’environnement et profitant comparativement à moins de personnes ;
- la règlementation de l’exploitation minière artisanales, pourrait être une stratégie plus efficace à court terme, comme ce qui s’est passé dans la réserve d’Itombwe ;
- aux donateurs internationaux qui soutiennent la réforme du secteur administratif et de la sécurité de faciliter la coopération des différentes agences et couches de l’Etat, en faisant passé le message selon lequel tirer profit de l’exploitation minière dans les zones protégées n’est pas acceptable ;
- au gouvernement congolais de veiller à ce que les fonctionnaires soient correctement payés et respectent la loi.
Joël MUBAKE