Au cours de la période 2003 et 2021, sur l’ensemble du bassin versant du lac Tanganyika, des pertes d’eau d’environ 70 km3 dues à l’évaporation du lac ont été compensées par une augmentation des apports d’eau d’environ 100 km3 dans le reste du bassin versant, selon une étude publiée dans le journal ScienceDirect.
Pour calculer le bilan hydrique du bassin, les chercheurs ont comparé les variations du stockage total de l’eau du bassin versant avec le flux d’eau du bassin calculé à partir des données de précipitations, d’évaporation, d’évapotranspiration et de débits, dérivés des données GRACE , explique l’auteur principal, Paul Gérard Gbetkom, chercheur à l’université de Toulouse, IRD et CNRS.
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Selon lui, les changements de la surface terrestre résultant d’une réduction de la couverture végétale ou de l’intensification de l’activité agricole peuvent affecter l’humidité du sol en augmentant l’évaporation du sol et en réduisant l’infiltration de l’eau.
Le stockage des eaux de surface, qui représentait la variation du volume de l’eau du lac dérivée des mesures altimétriques, correspondait à 41,8% du stock total d’eau, 57,7% de stock des eaux souterraines et 0,5% d’humidité du sol, renchérit l’auteur.
Egalement, le stock d’eau de surface en mai 2021, lorsque le risque d’inondation était le plus élevé, a été estimé à l’aide du stock total d’eau en février, mars et avril 2021 avec des précisions de 85%, 94% et 95%.
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La corrélation des variations de stock total des eaux basées sur GRACE avec les variations de stock de l’eau de surface met en évidence que des variations significatives de stock total de l’eau constituent un avertissement précoce d’inondation, déclare l’auteur.
Par conséquent, ces informations pourraient être intégrées dans les outils de gestion des inondations, notamment pour des zones telles que la ville de Gatumba et la réserve naturelle du delta de la Ruzizi, qui ont été fortement touchées par les inondations de mai 2021, conclut l’auteur.
Pour rappel, le lac Tanganyika est documenté comme le lac d’eau douce le plus long (673 km) et le deuxième plus profond (1 470 km) au monde, avec une largeur moyenne de 50 km, une superficie de 32 900 km2 et le plus grand réservoir d’eau douce d’Afrique, avec 18 900 km3.
Joël MUBAKE