Les informations contenues dans cet article sont tirées dans la thèse intitulée « Evaluation des charges polluantes (domestiques et industrielles) arrivant au lac Kivu dans la ville de Bukavu, RD. Congo » de Professeur Dr Alex LINA ALEKE, Professeur de l’Université Officielle de Bukavu.
Résumé
Les flux évacués et arrivant quotidiennement dans le Lac Kivu vont de 2165 kg (rivière Bwindi) à 5974 kg DBO5 (rivière Kahwa) en saison sèche, et de 5303 kg (rivière Bwindi) à 14270 kg DBO5 (rivière Kahwa) en saison de pluie, correspondant aux charges totales respectives de 7468 kg DBO5 et 20244 kg DBO5. Les émissaires domestiques constituent le cadre de premier choix adopté par les habitants pour le rejet de leurs déchets. Ce faisant, les rivières de la ville font l’objet d’importantes pollutions engendrées par les activités domestiques, et constituent des égouts à ciel ouvert.
Les flux des pollutions microbiologiques ont été évalués à 2,3.109 UFC/EH DBO5 pour la rivière Bwindi et 6.109 UFC/EH DBO5 pour la rivière Kahwa. En ce qui concerne les coliformes fécaux, 2800 œufs/EH DBO5 (rivière Bwindi) et 4185 œufs/EH DBO5 (rivière Kahwa) pour les parasites.
En outre, 11 taxons de parasites ont été identifiés notamment l’Entamoeba coli, Giardia lamblia, Entamoeba histolytica, Ascaris sp. (taxon le plus distribué), Ankylostoma sp., Strongyloides sp., Trichuris trichiura, Hymenolepis nana, Hymenolepis diminuta, Taenia saginata et Schistosoma mansoni. Recevant les eaux de 4 de 5 émissaires domestiques étudiés, la rivière Kahwa s’est avérée comme la plus polluée des rivières de Bukavu.
Un environnement sain, une santé garantie
Problématique
Il est connu que l’urbanisation génère des besoins croissants en matière de logement décent, d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, ainsi que des besoins relatifs aux soins de santé. Pourtant, les pouvoirs publics, à l’instar de la plupart des pays du sud comme mentionné par (Sy et Wade, 2007), ne disposent pas assez de moyens pour faire face à cette crise.
Par voie de conséquence, le réseau d’assainissement légué par la colonisation du pays en 1960, se trouve maintenant à l’état vétuste dans bien des villes congolaises en général et à Bukavu en particulier. Cette situation fait que ledit réseau devienne incapable de supporter les flux des effluents produits, lesquels sont déversés bruts dans les cours d’eau traversant la ville et qui aboutissent au lac Kivu.
Il en résulte les risques sanitaires multiformes et en lien avec les conditions environnementales du cadre de vie des populations. Les rapports de l’Inspection Provinciale de la Santé (2011, 2012 et 2013), qui signale bien des cas endémiques ou épidémiques observés dans la ville et liés à l’eau.
Ce travail permet d’élucider l’origine de la plupart des maladies dans le secteur hydrique dans la ville de Bukavu.
Milieu d’étude
Les rivières Bwindi, Tshula, Wesha et Kahwa) qui traversent la ville de Bukavu ainsi que les 5 collecteurs d’évacuation des eaux usées (ITFM, Rukumbuka, PIR, Nyamugo et Bagira) avaient fait l’objet de cette étude.
Rivières
La rivière Bwindi tire sa source dans les marais de Nabindere en territoire de Kabare. Le long de cette rivière, on trouve à ses abords une végétation à dominante herbacée, servant au gros bétail en élevage extensif. Outre les activités agro-pastorales, il s’y pratique une exploitation de sable servant à la construction. A son passage avant d’arriver au lac, cette rivière borde le vaste bois aménagé de la mission protestante de Bwindi (qui abrite l’école Bwindi), cadre idéal à une avifaune en quête de niche.
La rivière Tshula tire sa source dans le territoire de Kabare. La rivière traverse le quartier urbano-rural de Kasha, continue son cours dans les creux de vallées, et finit par longer la clôture du complexe industriel Pharmakina avant de se jeter dans le lac. La rivière connaît en aval d’intenses activités anthropiques domestiques (vaisselle, lessive, etc.). Et cela s’observe jusqu’à son embouchure où beaucoup de ménages en quête de logis, se sont installés.
La rivière Wesha forme un bassin hydrographique limité au nord par le lac Kivu, au sud par le groupement Chomuhimi, à l’est par le Camp TV et Ciriri et par Cikonyi à l’ouest. Elle traverse une zone également fort habitée, servant ainsi à l’évacuation des déchets de cette dernière, puis longe l’enclos de l’industrie brassicole (Bralima) au delà de laquelle elle traverse un espace herbacé non habité, parsemé de bananiers (Musa spp.) et de tendance marécageuse avant de se jeter dans le lac Kivu.
La rivière Kahwa forme la limite géographique entre les communes de Kadutu et Ibanda. En effet, étant donné qu’elle passe au milieu de la ville, drainant ainsi les quartiers les plus denses, dont ceux de la commune de Kadutu et quelques-uns d’Ibanda, la rivière Kahwa possède le bassin versant le plus densément peuplé, et constitue le plus grand exutoire des déchets produits dans la ville. Cette importante pression anthropique implique des rejets très importants et variés, essentiellement des eaux usées domestiques et non domestiques.
Collecteurs
5 exutoires (collecteurs) ont fait l’objet de cette étude.
Le collecteur d’ITFM, qui draine les eaux usées des habitations du quartier surplombant l’école technique d’ITFM, en quittant l’enceinte de cette dernière, traverse une zone qui connaît souvent des érosions et déplacement de terres ainsi que la route d’ISTM, frôle le lycée Wima à droite, puis s’engage dans un bois aménagé, et longe la route menant vers ISDR et Economat catholique à Bugabo, puis se jette finalement dans la Kahwa à côté de Chéché et en face de la prison centrale de Bukavu.
Le collecteur de Rukumbuka vient des zones surélevées de Bukavu, notamment de Funu et Cimpunda, passe à côté de la source de Funu qui fournit de l’eau de boisson à un nombre important d’habutants dudit quartier. Il continue son cheminement en descendant des pentes souvent fortes, passant par Rukumbuka à côté de la maison communale de Kadutu et la paroisse catholique Saint François. Ensuite, il traverse la route menant au grand stade de Kadutu, borde le quartier populaire de Nyamugo (non loin du grand stade), puis traverse successivement les quartiers Camp Zaïre (en bordant à droite le marché appelé Limanga) et Industriel, et débouche finalement sur la rivière Kahwa. Il est le plus long de tous et draine les zones à forte densité humaine et généralement de bas standing.
Le collecteur de PIR draine les eaux d’une partie de Nyamugo (quartier à une grande densité humaine et revêtu d’un tissu urbain anarchique et de bas standing, à l’image des favelas brésiliens). Bordant le marché de Limanga à gauche, il continue son parcours devant le poste de la police de PIR et aboutit à la Kahwa dans le quartier Industriel en aval du rond-point connu sous le nom d’Olive.
Le collecteur de Nyamugo (dit aussi Nyamugo soko) draine les eaux du quartier Buholo avant de passer par le grand marché de Nyamugo, dont l’effectif des étalages est estimé à 22000 et qui attire plusieurs dizaines de milliers de visiteurs chaque jour (Mairie de Bukavu, 2014). Ensuite, il finit sa course à la Kahwa, toujours dans le quartier Nyamugo.
Le collecteur de Bagira dessert une bonne partie du quartier Lumumba (sous-quartiers A, B, C et D) et débouche sur la rivière Nyamuhinga qui gagne le lac Kivu en traversant la Route Nationale 4 qui mène vers l’aéroport de Kavumu et la ville de Goma. Jadis, fonctionnant à côté d’un égout sanitaire (réseau séparé) aujourd’hui non fonctionnel comme la majorité d’égouts de la ville, et dont la mission était limitée à l’évacuation des eaux pluviales, ce collecteur reçoit aujourd’hui toutes les eaux usées générées (sanitaires et pluviales) dans cette partie de Bukavu.
Méthodologie
Les données de cette recherche ont été récoltées en saisons sèche et pluvieuse, qui caractérisent la ville de Bukavu, et suivant une démarche méthodologique incluant les aspects de la physicochimie et de la microbiologie (bactériologie et parasitologie). Les mesures des débits et échantillonnages sur les rivières et les exutoires domestiques ont été réalisés hebdomadairement de manière alternative, et suivant un pas de deux semaines au niveau de chacune de stations.
Ainsi, les mesures des débits et le prélèvement des échantillons se déroulaient de 7 h à 18 h, à raison d’une mesure et un prélèvement d’eau à chaque heure lors de chacune de campagnes destinées à la caractérisation physicochimique. Celle-ci a porté sur les saisons sèche (juin-juillet-août 2013) et humide (janvier-février-mars 2014). Par ailleurs, la caractérisation microbiologique s’est étalée entre juin 2013 et mars 2014, soit 10 mois de recherche, toujours suivant un pas de deux semaines.
Echantillonnage
Etant donné que cette étude* concerné 4 rivières, 5 collecteurs d’eau domestiques, les échantillons destinés successivement aux analyses physicochimiques et microbiologiques des rivières et des exutoires se faisaient par semaine de manière alternative : une semaine pour les rivières et une autre pour les exutoires.
Ainsi avons-nous réalisé l’échantillonnage instantané. Après un rinçage à de l’eau à échantillonner, les échantillons ont consisté en des prélèvements dans des flacons stériles en verre de 500 ml, bouchés à l’émeri et les flacons en plastique de 2000 ml, destinés respectivement aux analyses bactériologiques et parasitologiques. Les prélèvements se faisaient chaque fois entre 6 et 9 heures, le moment considéré comme d’intenses activités (Cissé et al., 2011).
En parallèle, l’échantillonnage composite destiné à la caractérisation physicochimique, a été effectué par des prélèvements horaires des eaux en chacune de stations retenues, de 6 h à 18 h. Avant tout prélèvement, on procédait d’abord aux mesures de débits comme c’est indiqué au point relatif au débit. En fait, une station était retenue en chacune de rivières et en chacun de collecteurs. A la fin de la journée, on disposait d’une dizaine d’échantillons dont il fallait constituer un seul en fonction de leurs débits respectifs: l’échantillon ainsi obtenu était composite ou moyen pondéré au débit. Au vu de la limitation des flacons Oxitop dont on dispose (6 au total), on a jugé bon d’alterner les travaux relatifs aux rivières et aux collecteurs de manière hebdomadaire.
Lire aussi: L’Ampleur des Pressions que Subit le Lac Kivu par les Effluents de la Pharmakina
Résultats
Des pollutions majeures dans les rivières de Bukavu
En saison sèche dans les rivières de Bukavu, la DCO(Demande Chimique en Oxygène) affiche des valeurs similaires à celles des effluents urbains classiques (entre 300 et 1000 mg/l-DEGREMONT, 1989; Metcalf et Eddy, 2003), hormis la rivière Kahwa qui présente quelques fois des dépassements desdites valeurs. En saison humide, ces rivières sont caractérisées par de grandes concentrations de matières réductrices. Le manque de système d’assainissement dans la ville favorise les rejets incontrôlés dans les rivières et expliquerait ces pollutions.
Les concentrations de DBO5(Demande Biochimique en Oxygène) mesurées se trouvent dans l’intervalle des valeurs des effluents urbains (100-400 mg/l DEGREMONT, 1989; Metcalf et Eddy, 2003) en saison sèche en dépit de quelques écartements remarqués dans le sens de la hausse. Les teneurs (mg/l) vont de 106 à 348 (Bwindi), 217 à 358 (Tshula), 246 à 407 (Wesha) et 262 à 701 (Kahwa). En saison sèche, paraissent des valeurs fort élevées et variant entre 215 et 519 mg/l (Bwindi), 228 et 515 mg/l (Tshula), 297 et 593 mg/l (Wesha), 288 et 1058 mg/l (Kahwa). La prépondérance de la saison humide sur la saison sèche s’explique par le fait que la plupart des ménages et diverses structures de production préfèrent stocker leurs déchets (effluents) dans les enceintes de leurs parcelles, les rejetant dans les rivières utilisées comme exutoires en saison humide lors des pluies.
Mais en saison humide, la dilution pourrait expliquer ces concentrations même si ces dernières demeurent toujours élevées, probablement du fait des lessivages et ruissellement. Ainsi pouvons-nous considérer que les teneurs en MES des rivières de Bukavu restent élevées tout au long de l’année. Ce qui les situe à la catégorie des rivières chargées et dans le même ordre d’idée que les résultats donnés par Makhoukh et al. (2011).
Les teneurs élevées en MES (Matières en suspension) de ces rivières, devraient être considérées comme un signe de pollutions exportées dans le lac Kivu. Ainsi, à l’instar de l’appauvrissement du milieu aquatique récepteur en oxygène dissous, signalons qu’une telle hausse peut également entraîner un réchauffement de l’eau, comme c’est signalé par la littérature (Herbert et Légare, 2000; Makhoukh et al., 2011).
Volet bactériologique
Analyses bactériologiques des eaux de rivières suivant les saisons
Les CF(Coliformes fécaux), SF(Streptocoques fécaux) et E. coli ont présenté des concentrations moyennes de l’ordre de 4 unités logarithmiques (saison sèche) contre 6 unités (saison humide) à Bwindi, alors que ces moyennes ont tourné autour de 5 unités logarithmiques en saison sèche et 6 unités en saison humide pour Wesha, Kahwa et Tshula.
Cependant, les SF(Streptocoques fécaux) ont présenté en moyenne 5 unités logarithmiques pour Tshula. Les concentrations maximales (UFC/100 ml) obtenues étaient de: 2,05. 106 CF, 1,85. 106 EC, 3,15. 106 SF et 250 CSR (Bwindi), 3,15. 106 CF, 2,1. 106 EC, 1,8. 106 SF et 370 CSR (Tshula), 2,7. 106 CF, 2,45. 106 EC, 1,9. 106 SF et 330 CSR (Wesha); 5,6. 106 CF, 4,15. 106 EC, 4,05. 105 SF, et 1900 CSR (Kahwa).
En plus, vu que les CF(Coliformes fécaux) témoignent d’une pollution récente, et que la répartition dans les différentes rivières des teneurs de ces germes affiche des différences significatives, cela confirme le lien entre les pollutions dont font l’objet ces rivières et l’importance des densités humaines relatives aux bassins versants respectifs.
Par rapport aux teneurs en SF, la différence est significative entre Bwindi et Kahwa (p˂0,0001) (dl=3; F=12,19), Bwindi et Tshula (p˂0,0001), Bwindi et Wesha (p=0,0159), Wesha et Tshula (p=0,0067), Wesha et Kahwa (p=0,0128), et non significative entre Kahwa et Tshula (p=0,8126), deux rivières qui possèdent en commun la particularité d’occupation des bâtis jusqu’à leurs embouchures respectives. L’aspect significatif des différences des moyennes entre ces rivières voudrait simplement traduire l’ancienneté des pollutions fécales caractérisant chacune d’elles.
Analyses bactériologiques des eaux des exutoires domestiques
Les résultats révèlent des concentrations élevées de CF(Coliformes fécaux), SF(Streptocoques fécaux) et E. coli(Escherichia coli) tant en saison sèche qu’en saison humide où les moyennes sont décuplées vis-à-vis de celles obtenues en saison sèche. Par contre, les CSR n’ont été dénombrés principalement qu’en saison humide; les raisons relatives à leur métabolisme anaérobie et la délicatesse de leur culture expliqueraient cette faiblesse. A l’exception des CSR qui sont de faibles concentrations, les ERU(eaux résiduaires urbaines) de Bukavu comprennent d’importantes teneurs en germes témoins de contamination fécale (CF, SF et E. coli), dont les concentrations moyennes peuvent s’évaluer à l’ordre de 5 à 6 unités logarithmiques.
En fonction de la valeur présentée de p (P˂0,05)(dl=95, F=8,58) concernant les teneurs des CF, le collecteur de Rukumbuka est significativement différent des autres collecteurs, notamment ITFM (p ˂ 0,0001), PIR (p = 0,0011), Nyamugo (p = 0,0195), et Bagira (p = 0,0001). La longueur importante dudit collecteur (Rukumbuka) par rapport aux autres, au cours de laquelle il reçoit les eaux résiduaires des quartiers populaires et denses de Cimpunda, Funu, Rukumbuka Nyamugo, Camp Zaire et Industriel, expliquerait cette différence significative. Par ailleurs, vu que p ˃ 0,05 entre Nyamugo, PIR et Bagira, de même entre Bagira et ITFM, la différence n’est pas significative.
En effet, ces 3 collecteurs (Nyamugo, PIR et Bagira) ont en commun un certain nombre de caractéristiques (drainage d’un petit nombre de quartiers par chacun de ces collecteurs, drainage par chacun d’un marché, connections par des ménages tout le long de chacun de collecteur) mais d’importances relatives variées. De même, la faiblesse relative des pressions anthropiques de Bagira et ITFM en comparaison aux autres collecteurs, ainsi que leurs localisations à la périphérie de la ville, feraient que la différence ne soit pas significative entre elles.
Par rapport aux teneurs en E. coli, les comportements des exutoires signalés précédemment dans le cadre des CF sont les mêmes qu’ici, excepté le fait qu’en plus, la différence est également significative entre ITFM et Bwindi. Ce profil se justifierait par une double explication: (i) dans un groupe des CF, les colonies d’E. coli représentent la plus grande part, (ii) vu le caractère récent de la pollution induite par E. coli, la végétation (le bois de Bugabo) par lequel passe ITFM avant de se déverser dans la rivière Kahwa, limiterait les rejets continus des ERU contrairement à ce qui prévaut à l’exutoire de Bagira.
Par contre, ITFM est différent significativement de Nyamugo (p = 0,0018) et PIR (p = 0,0290); Nyamugo et PIR font l’objet de fortes pressions anthropiques (drainage de quartiers à forte densité humaine, notamment le quartier Nyamugo, grand-marché de Kadutu et marché Limanga) alors que ITFM, après avoir recueilli les ERU du quartier surplombant cette école technique (ITFM) dont il porte le nom et du Lycée Wima, traverse le bois de Bugabo avant de déboucher sur la Kahwa. Par ailleurs, en comparant les teneurs de CF et EC, on se rend compte que la part revenant aux E. coli des CF trouvés varie de 79 à 89% dans les exutoires.
Quant à la distribution des SF, les 3 rivières (Rukumbuka, Nyamugo et Bagira) n’ont pas présenté de différences significatives (p ˃ 0,05)(dl=95, F=1,62) non seulement entre elles mais aussi entre chacune d’elles et Bagira, et chacune d’elles encore avec ITFM. Le caractère chronique des pollutions qui prévalent dans exutoires feraient que la différence ne soit pas significative entre ces collecteurs. Cependant, il s’est avéré une différence significative entre ITFM et PIR, pouvant résulter du fait que PIR, relativement court, reçoit en toute sa longueur des eaux usées domestiques, tandis qu’ITFM ne reçoit les ERU qu’en amont et traverse une grande zone formée du bois de Bugabo où le déversement des eaux sanitaires diminuent sensiblement mais où la fréquentation du bétail constituerait un apport important en SF.
Le rapport CF/SF révèle que les pollutions fécales drainées dans les exutoires de Bukavu sont très importantes et seraient d’origine exclusivement humaine à 95% dans l’exutoire de Nyamugo, 85% (Rukumbuka), 80% (PIR) et 55% (Bagira). A l’opposé, l’origine animale de ces pollutions est signalée à ITFM (35%) et à Bagira (10%). L’origine mixte mais à dominante animale est signalée à ITFM (55%), à PIR (10%) et à Rukumbuka(5%), et celle à dominante humaine est de l’ordre de 10% dans les eaux de ITFM, Rukumbuka et PIR, 5% (Nyamugo) et 35% (Bagira).
Ainsi, de par les plages de variation respectives, Nyamugo et Rukumbuka font l’objet principalement des pollutions humaines, de même PIR et Bagira mais avec une légère influence animale (pour ces 2 derniers) qui proviendrait de la présence des marchés et des activités d’abattage du bétail. Par contre, ITFM subit des pollutions fécales d’origine animale principalement à cause des activités pastorales qui s’y passent.
Un environnement sain, une santé garantie
Volet parasitologique
Analyses parasitologiques des eaux de rivières
Le pourcentage des échantillons qui se sont révélés positifs concernant la mise en évidence des parasites, paraît variable suivant les rivières: 65% pour Bwindi, 75% tant pour Tshula que Wesha, et 60% pour Kahwa (Tableau 1). Les concentrations en parasites sont beaucoup plus importantes dans les eaux de la rivière Kahwa que dans les 3 autres. Aussi, la saison de pluie a affiché de plus fortes concentrations que la saison sèche: 7,2 contre 6,5 oeufs/l (Bwindi), 8,8 contre 8,1 oeufs/l (Tshula) et 10,9 contre 9,2 oeufs/l (Wesha), alors que la Kahwa a plutôt présenté 19,3 contre 12,6 oeufs/l. Ceci s’expliquerait par la densité des ménages qui y sont connectés, directement ou indirectement par le truchement de la majorité des émissaires domestiques de la ville. C’est aussi ce facteur qui expliquerait la valeur relativement faible des concentrations en parasites dans les eaux de Bwindi. En outre, la saison humide s’est illustrée comme étant la plus prolifique en dénombrement parasitaire.
Tableau 1 : Fréquences synthétiques des dénombrements parasitaires dans les rivières de Bukavu
Rivières |
Cas positifs
|
Effectifs totaux des œufs dénombrés
|
Concentration moyenne des œufs/litre | |
Saison sèche |
Saison humide |
|||
Bwindi |
65 |
140 | 6,5 |
7,2 |
Tshula |
75 |
171,6 | 8,1 |
8,8 |
Wesha |
75 |
207,7 | 9,2 |
10,9 |
Kahwa |
60 |
292,9 | 19,3 |
12,6 |
Cependant, la proximité et la densité des habitations, ainsi que les conditions climatiques particulièrement favorables au développement des parasites, associées aux faibles débits en saison sèche, pourraient expliquer les concentrations élevées mises en évidence dans la rivière Kahwa.
La caractérisation qualitative a permis de dénombrer des Protozoaires et 3 groupes d’Helminthes représentés par les classes de Nématodes, Cestodes et Trématodes dans 3 rivières (Kahwa, Wesha et Tshula). Relativement aux différents taxons dénombrés, les Nématodes sont les plus importants dans 3 rivières (Kahwa, Tshula et Wesha) et représentent au moins 57% des parasites présents, pendant qu’à Bwindi dominent les Cestodes (77%).
Tableau 2: Concentrations pondérales (%) des eaux des rivières de Bukavu en groupes des parasites suivant les saisons
Taxons (en %) |
Saison sèche |
Saison Humide |
||||||
rivières |
||||||||
Bwindi |
Tshula | Wesha | Kahwa | Bwindi | Tshula | Wesha |
Kahwa |
|
Protozoaires |
100 |
100 | 26,5 | 100 | 0 | 0 | 73,5 |
0 |
Nématode |
34,4 |
22,9 | 31,7 | 31,4 | 65,6 | 77,1 | 68,3 |
68,6 |
Cestode |
29,9 |
0 | 27,5 | 64,8 | 79,1 | 100 | 72,5 |
32,5 |
Trématodes |
– |
0 | 38 | 0 | – | 100 | 62 |
100 |
Cette répartition duale de principales classes de parasites traduisant la domination des Nématodes aux 3 rivières précitées et celle des Cestodes majoritaires à Bwindi, est dictée par la nature des eaux que reçoivent ces rivières. En effet, les 3 rivières (Kahwa, Wesha et Tshula) reçoivent intensément les eaux usées domestiques chargées des parasites infestant la communauté humaine, hormis les travaux agro-pastoraux effectués en amont de Wesha et Tshula.
Par ailleurs, du fait que les concentrations moyennes en parasites dans les rivières augmentent selon que l’on va des rivières du centre de la ville vers celles de la périphérie sur l’axe RN4 (Route nationale n° 4), on peut affirmer que la densité des populations serait responsable de cette répartition (Lina et al., 2015). En effet, la Kahwa traverse les quartiers les plus densément peuplés et, par conséquent, draine un volume beaucoup plus important d’eaux résiduaires que les autres rivières.
En général, signalé, le dénombrement a permis d’identifier 4 groupes de parasites (Protozoaires, Nématodes, Cestodes et Trématodes) dans ces rivières, sauf à Bwindi où la présence des trématodes n’a pas été signalée. Ainsi, il a été dénombré les espèces dont le nombre a varié de 4 (Bwindi) à 11 (Wesha), en passant par 8 (Kahwa) et 9 (Tshula). En fonction de leur occurrence, Ascaris sp., H. diminuta et T. saginata sont des espèces accessoires (F entre 25 et 50%) à Bwindi, tandis que Entamoeba coli s’y comporte comme une espèce accidentelle (F ˂ 25%).
Analyses parasitologiques dans les exutoires domestiques
Le diagnostic parasitaire des effluents domestiques a permis de remarquer que les analyses des échantillons se sont révélées positives en général dans tous les exutoires concernés par cette recherche: ITFM (55%), Rukumbuka (85%), PIR (85%), Nyamugo (65%) et Bagira (80%).
Tableau 3 : Fréquences synthétiques des dénombrements parasitaires des eaux résiduaires urbaines en fonction des saisons
Exutoires |
Cas positifs (%) | Effectifs totaux des œufs dénombrés |
Concentration moyenne des œufs/litre |
|
Saison sèche |
Saison humide |
|||
ITFM |
55 |
144,3 | 8,1 |
6,8 |
Rukumbuka |
85 |
998,6 | 72,8 |
40,1 |
PIR |
85 |
710,9 | 45,7 |
31,2 |
Nyamugo |
65 |
416,1 | 19,7 |
21,3 |
Bagira |
80 |
835 | 56,4 |
35,5 |
Des effectifs des œufs dénombrés, Rukumbuka se pointe en première position suivi de Bagira, de PIR, de Nyamugo, enfin d’ITFM. Les valeurs moyennes en ces différents exutoires sont plus élevées en saison sèche qu’en saison humide. En effet, Rukumbuka se présente avec une concentration moyenne de 72,8 oeufs/litre en saison sèche contre 40,1 oeufs/litre en saison humide. Les faibles concentrations moyennes sont de 8,1 oeufs/litre et 6,8 oeufs/litre à l’ITFM (Tableau 3). Les faibles concentrations obtenues pendant la saison humide seraient probablement dues à l’effet de dilution car les gros volumes des eaux qui s’écoulent sont susceptibles de diluer fortement les effluents.
Concentrations en parasites dans les exutoires de Bukavu suivant les taxons
Les effluents domestiques de la ville de Bukavu sont riches en parasites appartenant aux groupes des protozoaires, nématodes, cestodes et trématodes. Les nématodes constituent le groupe le plus important de tous les parasites charriés par les effluents de la ville de Bukavu et sont dominés par Ascaris sp. Mais, la faible teneur des trématodes pourrait se motiver par la non performance de la méthode appliquée pour isoler les œufs de trématodes comme l’a mentionné l’OMS (1997). Les travaux de Nsom-Zamo (1999) en ont également mentionné les faibles performances.
Pollutions majeures et chimiques
En saison sèche, vu les moyennes affichées pour la DCO (262 – 589 mg/l) et DBO5 (102 – 232 mg/l), les effluents urbains de Bukavu ont des charges en matières réductrices et organiques comprises dans les intervalles normaux des normes: entre 300 et 1000 mg/l pour la DCO (demande chimique en oxygène) et, entre 100 et 400 pour la DBO5 (DEGREMONT, 1989; Metcalf et Eddy, 2003). Cependant, le déficit des systèmes sanitaires dans la ville, conduit au déversement de déchets solides et liquides stockés sur des sites de production dans les exutoires en temps de pluie.
En effet, en saison sèche, les ménages s’emploient au stockage des déchets divers et des boues au sein de leurs parcelles ou recourent au service des vidangeurs de fortune qui les exportent en dehors de la ville ou dans les coins perdus. Mais l’avènement des pluies constitue une opportunité pour les ménages qui n’ont plus la nécessité de recourir à d’autres moyens d’assainissement que celui de jeter les déchets divers et les boues dans les exutoires ou les rivières. Cette façon de procéder altère non seulement l’environnement mais expose également les populations à la contamination et aux risques divers qui entachent leur santé et leur cadre de vie.
On peut en déduire qu’en saison sèche, les effluents urbains des exutoires domestiques de Bukavu, ont tendance à comporter moins de matières organiques biodégradables et à se ressembler à ceux des pays industrialisés, dont le ratio DCO/DBO5 varie entre 2,2 et 2,8. A l’opposé, ledit ratio montre en saison humide que ces effluents sont riches en matières organiques biodégradables et correspondent quasiment au ratio (2,0 – 2,3) reconnu aux effluents domestiques des pays en développement (DEGREMONT, 2005).
En plus, le fait que les structures de production (petites industries) ne se trouvent pas localisées dans une aire identifiable comme zone industrielle, défaut qui fait que les effluents des unités de production se mélangent aux effluents domestiques, permet aux ERU d’atteindre les seuils élevés de pollutions.
En parallèle, les MES (matières en suspension) illustrent également le niveau élevé des pollutions dans la ville. En saison sèche, les concentrations en MES dans ces exutoires (186 – 450 mg/l) correspondent aux normes des ERU, signalées par DEGREMONT (1989) et Metcalf et Eddy (2003). La recette formée par le manque d’une politique réelle de gestion, l’anarchie observée dans l’occupation urbaine, ainsi que les phénomènes érosifs pourraient expliquer l’augmentation des MES en saison humide, dont les teneurs moyennes varient entre 812 et 1521 mg/l.
Les flux de pollutions urbaines en équivalent-habitant suivant les saisons
Les flux des pollutions des exutoires de Bukavu sont exprimés dans le tableau 48 en équivalent-habitant en fonction des saisons. Globalement, on peut y remarquer que les charges en équivalent-habitant de différents paramètres étudiés (DCO, DBO5, MES, NT et PT) dans ces exutoires passent facilement du simple au triple, voire au décuple, quand l’on passe de la saison sèche à la saison humide.
Les pluies offrent des facilités permettant les vidanges des toilettes et des bassins de retenue ménagers, ainsi que l’évacuation aisée des boues et divers déchets. L’exutoire de Rukumbuka s’avère comme étant le plus chargé de tous au regard des résultats révélés dans cette étude.
La valeur relativement basse en équivalent-habitant remarquée à l’exutoire de PIR est tout simplement liée au fait que cet exutoire est raccordé à moins des ménages par rapport à ceux de Rukumbuka et de Nyamugo. Rappelons que les 3 exutoires (Rukumbuka, PIR et Nyamugo) passent par le quartier Nyamugo mais, contrairement à 2 autres (Rukumbuka et Nyamugo) qui commencent plus en amont de l’emblématique quartier de Nyamugo et desservent successivement les quartiers Funo et Buholo, l’exutoire de PIR naît au sein dudit quartier (Nyamugo) avant de se jeter dans la rivière Kahwa.
Des traitements effectués sur l’ensemble des résultats physicochimiques obtenus dans chacun de 5 exutoires pendant les 2 saisons et partant des valeurs de p trouvées et qui sont inférieures à 0,05 (en général, P˂0,001), il se dégage l’absence des différences significatives entre ces exutoires par rapport à la majorité des paramètres étudiés (DCO, DBO5, MES et NT)(dl=55, F=1; dl=55, F=1,17; dl=55, F=0,99; et dl=55, F=0,17); tandis que sur PT, il s’est avéré des différences significatives entre Nyamugo et Bagira (p=0,0395)(dl=55, F=1,79), ainsi qu’entre Nyamugo et PIR (p=0,0395). La densité humaine responsable des rejets qu’évacue Nyamugo, étant très élevée, en serait responsable, alors qu’elle est relativement faible pour PIR et Bagira. Nous rappelons qu’outre les ménages qui y sont connectés, l’exutoire de Nyamugo reçoit également les rejets du grand marché de Kadutu.
En tenant compte de l’influence possible des saisons sur les pollutions physicochimiques évacuées par les exutoires domestiques de Bukavu, nous avons abouti aux constats suivants: sur DCO, il n’y a pas de différence significative entre 4 exutoires (PIR, Bagira, Nyamugo et Rukumbuka; P˃0,05) en saison humide mais plutôt entre chacun d’eux et ITFM (P˂0,05); aussi, les différences ne sont pas significatives en saison sèche, entre les 5 exutoires (P˃0,05). Ceci nous amène à considérer les eaux de ruissellement comme responsables de cette distribution.
En effet, grâce à l’action des pluies, les 4 exutoires recueillent directement d’importantes charges polluantes (de bout à bout) provenant des ménages et diverses structures de production étant donné que les 4 exutoires passent dans des zones densément peuplées en général, alors qu’ITFM, après avoir recueilli des rejets des quartiers aussi densément peuplés, doit traverser un important espace boisé, à travers lequel la végétation pourrait limiter les nouveaux afflux de pollutions.Par rapport à la DBO5, la description que nous venons de faire pour la DCO reste aussi valide. Donc, les 2 paramètres sont fortement liés et soutenus par la même description.
Par ailleurs, pour les MES, c’est la même description que celle faite sur la DCO et la DBO5 en saison humide; donc, il n’ y a pas de différence significative en saison humide entre 4 exutoires (Bagira, PIR, Nyamugo et Rukumbuka) mais plutôt entre chacun d’eux et ITFM. Par contre, en saison sèche, la différence est significative seulement entre PIR et Nyamugo, aussi également entre PIR et Rukumbuka. La longueur et surtout l’importance des charges drainées par Nyamugo et Rukumbuka font que les 2 émissaires puissent être différents de PIR.
En somme, de par les valeurs dégagées dans ce chapitre, les comportements et les fluctuations des pollutions évacuées par les émissaires urbains témoigneraient de la dynamique et de l’anarchie qui caractérisent l’assainissement de la ville de Bukavu et la structure caractérisant l’occupation du sol.
En effet, au manque ou au déficit d’assainissement de base dans la ville, s’ajoute le problème crucial de la réglementation des structures de production surtout des secteurs secondaire et tertiaire que l’on peut retrouver ci et là dans la ville. Etant donné que les rejets ne constituent pas la préoccupation des décideurs et dirigeants de la vaille, voire des populations, des flux importants peuvent arriver en n’importe quel moment à tout ouvrage d’évacuation des eaux usées ou de l’eau en général comme les exutoires domestiques ou les rivières.
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Conclusion
Cette étude s’est attelée à la caractérisation des pollutions domestiques générées à Bukavu. Elle a permis d’appréhender les comportements des flux des pollutions dans les rivières et les exutoires urbains de la ville, qui subissent tout au long de leurs parcours des pressions constantes et constituent les réceptacles des effluents liquides et de divers déchets au vu d’absence d’un système performant et efficace d’assainissement. La recherche signale des concentrations et charges élevées des pollutions physicochimiques majeures et chimiques. En parallèle, les pollutions microbiologiques se sont également avérées importantes, évaluées à des teneurs moyennes en germes de contamination fécale de l’ordre de 5 à 6 unités logarithmiques et à la présence d’une flore riche en parasites, notamment les Nématodes, Cestodes, Protozoaires et Trématodes. Dans un contexte d’absence de systèmes efficaces d’assainissement, l’ensemble formé par la densité humaine et les activités anthropiques, serait responsable desdites pollutions dont les charges, quoiqu’importantes durant toute l’année, augmentent remarquablement pendant la saison de pluie, longue de 9 mois.
A la lumière des résultats obtenus, les pollutions mises en évidence s’apprêteraient à un traitement biologique d’autant plus que le ratio DCO/DBO5 est compris en général entre 1,5 et 3. En perspective d’éventuelles études ultérieures, il sera important de multiplier les stations pour déterminer les différents profils de pollutions produites dans cette ville et de déterminer leurs différentes fractions (dissoutes et particulaires) en prévision de comprendre et simuler leur devenir dans le lac Kivu, qui au-delà du simple fait d’être leur réceptacle, comprend de multiples enjeux, parmi lesquels la problématique des réserves importantes en gaz carbonique et méthane, qui, suivant le degré de responsabilité managériale, menaceraient l’existence même des populations riveraines ou contribueraient à la promotion socioéconomique et politique de la région des grands-lacs africains, souvent en proie de multiples conflits et insécurité.
Joel MUBAKE (SddNature, Bukavu)
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