Uvira, au Sud-Kivu, dans le tumulte du conflit armé qui secoue l’Est de la République Démocratique du Congo, une autre crise, plus discrète mais tout aussi grave, se déroule sur les rives de la Rivière Ruzizi, du lac Tanganyika et dans les marais de Nyangara : celle de la disparition progressive des hippopotames.
En février 2025, dix hippopotames ont été tués dans la région, selon les données recueillies par la SDDNATURE et les acteurs de la société civiles locale. Ces abattages, souvent motivés par la recherche de viande ou la peur de l’animal, s’inscrivent dans un contexte d’insécurité, de pauvreté et d’absence de cadre réglementaire adapté à la conservation en temps de crise.
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Un rôle écologique essentiel en danger
L’hippopotame n’est pas qu’un géant des rivières, il est un acteur-clé de l’écosystème. Par ses déplacements entre terre et eau, il transporte des nutriments, entretient la fertilité des sols aquatiques et participe à l’équilibre des zones humides.
Sa disparition dans la région d’Uvira constituerait un déséquilibre écologique majeur, dont les impacts à moyen terme pourraient affecter aussi bien la biodiversité locale que les activités humaines dépendante de la Ruzizi.
Le droit international en appui à la nature
La résolution des Nations Unies de 2022 sur la protection de l’environnement en période de conflit armé rappel que les écosystèmes, même en zones de guerre, doivent être protégés. Le principe 13 impose aux parties au conflit de prévenir les dommages graves à la nature.
Ce que nous vivons à Uvira aujourd’hui est une violation de ce principe : un écocide silencieux, ignoré dans les stratégies de paix et absent des priorités politiques.
Agir avec la science, penser la conservation autrement
Face à cette urgence, la SDDNATURE appelle à une mobilisation scientifique pour : (1) évaluer la population restante d’hippopotames, (2) suivre leurs déplacements et leurs habitats, (3) comprendre les facteurs de leur vulnérabilité, et proposer des mesures de conservation adaptées au contexte de conflit.
Nous appelons également les autorités locales, les partenaires internationaux et les agences de paix à intégrer la dimension environnementale dans toute action humanitaire ou sécuritaire à Uvira.
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Préserver la Ruzizi, c’est préparer la paix
Nous ne pourrons pas reconstruire une paix durable sans prendre en compte la protection de la biodiversité. Les hippopotames de la Ruzizi, bien qu’oubliés, sont une partie essentielle de notre patrimoine naturel commun. Leur survie dépend de notre capacité à conjuguer paix, science et écologie.
La SDDNATURE reste engagé aux côtés des communautés locales pour documenter, sensibiliser et proposer des solutions concrètes pour une conservation résiliente en temps de crise. Elle réitère la proposition de l’intégration de l’écocide dans le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).
Joël MUBAKE
2 commentaires
The Democratic Republic of Congo must protect animals, and environment, everything have it role on this earth. We must do the needful.
Ces crimes environnementaux sont graves sur la vie normale de notre écosystème, ces actes ont impact plus significatif sur la disparition de ces espèces. Ainsi le gouvernement de Kinshasa doit prendre de mesure nécessaire pour organiser davantage le mouvement de groupe armé et nous les civils d’être vigilant et prudents.